Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : le monde - Gilles Rof - 30/03/2023

Les pensionnaires de la résidence temporaire autogérée Saint-Bazile, installée au cœur de la cité phocéenne, quittent les lieux vendredi 31 mars. L’expérience est saluée mais ne connaît aucun prolongement dans l’immédiat.

Un demi-échec ou une moitié de réussite ? Vendredi 31 mars, la résidence temporaire Saint-Bazile fermera ses portes. Et l’association de demandeurs d’asile qui gérait cet ancien squat devenu un lieu d’accueil d’urgence conventionné et légal depuis neuf mois, rendra comme prévu les clés au propriétaire, l’Etablissement public foncier régional. Tous les habitants auront quitté ce bâtiment de cinq étages situé en plein centre de Marseille (1er). Renvoyés vers le circuit de l’hébergement d’urgence, déjà totalement saturé.

« Nous tenons l’engagement de vider Saint-Bazile car on joue notre crédibilité. Notre aspiration était de continuer cette expérience inédite ailleurs… Mais l’Etat ne nous a rien proposé », constate Alieu Jalloh, le président de l’Association des usagers de la plate-forme d’accueil des demandeurs d’asile (AUP), initiateur et pivot du projet.

En juillet 2022, avec le soutien de la préfecture des Bouches-du-Rhône et de la ville de Marseille, l’AUP – qui compte près de 500 adhérents, tous demandeurs d’asile – avait convaincu le propriétaire de conclure un bail d’occupation temporaire pour cet immeuble squatté depuis un an. L’association Habitat alternatif social (HAS) a endossé la responsabilité pénale de l’expérience en signant la convention. Une troisième association marseillaise, Justice et union pour la transformation sociale (JUST) a alors organisé avec les habitants la mise en sécurité des lieux. Un règlement intérieur a été établi et, en septembre 2022, l’inauguration officielle a eu lieu en présence du préfet délégué à l’égalité des chances des Bouches-du-Rhône, Laurent Carrié. Ce dernier saluait alors l’aspect « pragmatique » de cette alternative « s’intégrant parfaitement dans la stratégie départementale de résorption des bidonvilles, squats et campements ». Audrey Garino, adjointe municipale aux affaires sociales, évoquait, elle, « la possibilité de modéliser le projet ».

Une opération « frugale »

Six mois plus tard, partenaires et tutelles louent toujours d’une même voix l’expérience et sa « bonne tenue ». Mais faute d’un nouveau site disponible, les associations ont dû organiser en urgence le relogement des habitants.

Chemise camouflage sur le dos, voix douce, Babalanfia Souaré ne cache pas ses craintes. Avec sa compagne et leur fille de huit mois, cet homme de 27 ans originaire de Guinée, vit à Saint-Bazile depuis plus d’un an. La suite pour sa famille sera un hébergement en hôtel tout au nord de Marseille. « Pour un mois peut-être, après on ne sait pas », glisse-t-il. « Sur l’hébergement, on fait reculer tous les habitants au mieux d’une, voire de deux cases. Cela risque de conforter ceux qui pensent que le légalisme ne paye pas et qu’il vaut mieux squatter », regrette Pierre Albouy, membre de l’AUP.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Marseille, une convention d’occupation légalise un squat géré par des demandeurs d’asile

« Saint-Bazile est une réussite parce que pendant neuf mois, quatre-vingt-dix personnes ont été mises à l’abri, hors du circuit des marchands de sommeil », tempère Christophe Njine-Djonkam, chef de service à HAS. Jean-Régis Rooijackers, coordinateur chez JUST, voit dans l’expérience « une étape positive » et « la preuve qu’en mettant les personnes concernées, les demandeurs d’asile, au centre du projet, cela fonctionne ». Cécile Suffren, directrice générale d’HAS, souligne, elle, la « frugalité » d’une opération qui, avec un budget de 52 000 euros, pris en charge pour moitié par la fondation Abbé-Pierre, a coûté 4,50 euros par jour et par personne. Soit près de cinq fois moins qu’un hébergement d’urgence classique.

« Le délai était peut-être un peu court »

Autant de points positifs qui n’ont pas suffi à pérenniser l’expérience, bien que les associations aient proposé plusieurs sites possibles de remplacement.

Interrogé sur le cas Saint-Bazile, le préfet délégué à l’égalité des chances assure que son « discours n’a pas changé en six mois ». « Nous avons fait un travail qui ne se voit pas forcément de diagnostics de bâtiments, d’identification des bailleurs, assure Laurent Carrié. Mais, pour modéliser ce type d’opérations, il faut rencontrer des propriétaires publics ou privés qui ont des lieux adaptés et veulent s’engager. (…) Comme le contrat de confiance a été respecté par les associations, c’est plus facile pour moi aujourd’hui d’aller démarcher », poursuit-il, promettant « des rendez-vous prochains ».

Lire aussi (2022) : Article réservé à nos abonnés Le cycle sans fin des expulsions de squatteurs à Marseille

« Le délai était peut-être un peu court pour trouver des solutions », reconnaît de son côté l’adjointe Audrey Garino. Attentive à l’expérience bien que l’hébergement d’urgence n’entre pas dans ses compétences, la municipalité a repéré dans son patrimoine un lieu qui pourrait, après quelques mois de travaux, donner un prolongement à Saint-Bazile. Elle a aussi repris l’idée d’une convention d’occupation temporaire pour régulariser un squat accueillant des mineurs.

A l’AUP, on prend date. L’expérience a démontré son sérieux et fait fructifier son réseau. Ses responsables ont rencontré la présidente de la fondation du promoteur Constructa, Marie-Victoire Pietri. Cette dernière s’est engagée à soutenir l’association, qui ne bénéficie d’aucune subvention, à hauteur de 20 000 euros et surtout à la présenter à des propriétaires qui pourraient être intéressés par cette solution de bail temporaire. « Peut-être que le privé sera plus facile à convaincre que le public », espère-t-on à l’AUP.

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter