Ces derniers jours, plusieurs découvertes macabres ont été faites en Tunisie, près de la frontière algérienne. Neuf corps de migrants subsahariens ont été retrouvés dans une zone montagneuse à proximité de Haïdra, dans le centre-ouest de la Tunisie.

Une enquête a été ouverte et "une autopsie ordonnée pour déterminer les causes des décès", a indiqué à l’AFP le porte-parole du tribunal de Kasserine, Riadh Nwiwi.

Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une association qui suit les questions migratoires dans le pays, a indiqué dans un communiqué que "selon des données préliminaires, les neuf migrants sont morts de froid, de soif et de fatigue". 

"Routes migratoires meurtrières"

Le FTDES a réclamé une "réponse humanitaire de la part de l'Etat" tunisien, "face aux politiques migratoires meurtrières de l'Union européenne qui ont confisqué le droit de circulation des populations du Sud".

L'ONG a dénoncé "le silence des autorités tunisiennes sur les tragédies de la migration et la politique de militarisation des frontières". Elle a appelé à la mise en place "d'un système d'accueil et d'orientation humanitaire à la frontière algéro-tunisienne pour assurer la fourniture de services humanitaires de base" sur ces "routes migratoires meurtrières".

La zone accidentée et forestière de Haïdra voit dernièrement un afflux de migrants originaires d’Afrique subsaharienne venus de l’Algérie voisine, d’après Riadh Nwiwi, le porte-parole du tribunal de Kasserine.

Ce n'est pas la première fois qu'un drame de la sorte se produit dans cette région désertique. En mars 2022, quatre corps de migrants subsahariens avaient été retrouvés dans cette zone, morts de faim et de froid. Un an plus tôt, six autres dépouilles avaient été découvertes au milieu du désert dans le sud de la Tunisie, près de la frontière algérienne.

Hausse de 300% des arrivées en Europe

Des centaines d'exilés viennent en Tunisie dans le but de rejoindre le littoral et d'atteindre clandestinement l'île italienne de Lampedusa, située à une centaine de kilomètres des côtes tunisiennes.

Bien que la distance soit courte, la traversée de la Méditerranée reste particulièrement dangereuse. Le premier trimestre 2023 a été le plus meurtrier depuis 2017 avec 441 vies perdues en Méditerranée, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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Cette hausse des décès coïncide avec une nette recrudescence du nombre d'entrées irrégulières de migrants dans l'Union européenne par la Méditerranée centrale. Entre janvier et avril, 42 200 débarquements sur le territoire de l'UE depuis cette voie maritime ont été décompté par l'agence européenne Frontex. Soit une hausse de près de 300% par rapport à la même période en 2022.

Depuis la Tunisie, l'organisation a observé "une croissance de 1 100% par rapport à l'année dernière", sur la même période.