"Le Geo Barents vient de secourir 26 personnes en détresse (…) au large de la Libye". Médecins sans frontières, qui affrète le navire humanitaire, a annoncé mardi 16 mai dans l’après-midi avoir porté assistance à une vingtaine de migrants en Méditerranée centrale.

Parmi les rescapés se trouvent une femme enceinte et huit enfants, précise l’ONG.

Les humanitaires ont été prévenus d’un canot en difficulté par la plateforme d’aide aux migrants en mer Alarm Phone. "Nous avons alerté les autorités compétentes ainsi que MSF", signale le collectif qui remercie l’équipage pour ce "sauvetage réussi".

Peu de temps après cette opération, l’Italie a assigné le port de Brindisi, situé dans le sud du pays, pour débarquer les naufragés. Le navire va devoir naviguer plus de deux jours pour toucher la terre ferme.

Depuis début janvier, une nouvelle loi italienne force les ONG à retourner à quai sitôt un sauvetage effectué, quitte à partir précipitamment d’une zone maritime où d’autres bateaux de migrants pourraient être secourus.

Cette nouvelle pratique vise à limiter le nombre de personnes ramenées à terre en restreignant les opérations de sauvetage que peuvent mener les organisations humanitaires en Méditerranée.

"Entrave" aux sauvetages en mer

Les ONG avaient, dès la promulgation du décret, dénoncé une "entrave à l’assistance aux personnes en détresse". Cette loi n'a d'autre objectif que de "maintenir les navires (...) hors de la zone de sauvetage pendant des périodes prolongées", avaient-elles estimé.

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Si le Geo Barents quitte la Méditerranée centrale, le Louise Michel prend sa relève. Ce navire, financé par le street-artiste Banksy, a quitté les côtes italiennes mardi. Il avait a été immobilisé pendant 20 jours par Rome "pour avoir secouru trop de personnes", indique l'équipage du Louise Michel.

Ce navire humanitaire avait effectué plusieurs opérations de sauvetage fin avril avant de rejoindre un port italien, en dépit du nouveau décret qui interdit de telles pratiques.

Dans un nouveau rapport publié vendredi 12 mai, MSF déplore que "les dirigeants de l’UE continuent de faire adopter des politiques meurtrières pour les migrants". L’ONG rappelle que l’an dernier près de 24 000 exilés ont été interceptés par les garde-côtes libyens et renvoyés "de force" dans le pays. Et depuis le début de 2023, ce sont plus de 4 000 personnes qui ont été récupérées en mer par les Libyens.

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Dans les prisons libyennes, les migrants "sont soumis à des crimes contre l’humanité selon le dernier rapport de l’ONU", insiste MSF.

Les traversées de la Méditerranée centrale ont augmenté de près de 300% depuis janvier, selon l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex. Ces chiffres sont les plus élevés jamais enregistrés depuis 2019.

Dans le même temps, les décès ont eux aussi considérablement augmenté. Depuis le début de l'année, près de 1 000 migrants ont péri noyés en Méditerranée centrale. Les quatre premiers mois de l’année sont la période la plus meurtrière en mer depuis 2017.

La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée centrale reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.