Source : Le monde - Le Monde avec AFP - 07/05/2021
Au cours des trois derniers mois, selon le ministre de l’intérieur, 147 retraits de protection ont été décidés. Des mesures « sans précédent » pour la Place Beauvau.
Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a demandé aux autorités compétentes de retirer le statut de réfugié aux étrangers connus pour des faits de radicalisation ou de trouble à l’ordre public, un tour de vis « sans précédent », qui témoigne d’un durcissement politique.
« Fait inédit, nous avons demandé à l’Ofpra [Office français de protection des réfugiés et apatrides] de retirer les protections d’asile pour ceux qui seraient en contradiction avec les valeurs de la République », a fait savoir M. Darmanin dans un entretien au Figaro, publié jeudi 6 mai.
Le ministère de l’intérieur a souligné auprès de l’Agence France-Presse avoir « mis un accent particulier sur la déchéance de protection pour ceux qui ont commis des actes répréhensibles, que ce soit lié à la radicalisation ou à l’ordre public ». Lors de ces trois derniers mois, a souligné M. Darmanin, 147 retraits de protection ont été décidés. « C’est sans précédent. Notre politique est claire : juger les étrangers pour ce qu’ils font et pas pour ce qu’ils sont », a-t-il précisé.
« On sera inflexibles »
« On sera inflexibles sur les questions d’ordre public », a encore insisté la Place Beauvau, déclinant la priorité du moment : « Les gens qui figurent au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste [FSPRT], dont on s’attache à ce qu’ils soient sous mesure administrative et reconduits. »
A cet égard, le ministère affirme avoir « mis hors d’état de nuire la première liste identifiée de 231 personnes, qui sont toutes sous mesures administratives, en centre de rétention ou expulsées ». « Avec la difficulté majeure que les éloignements sont très compliqués », en raison de la fermeture des frontières liée à la pandémie de Covid-19.
Au Figaro, M. Darmanin a précisé que 1 083 étrangers en situation irrégulière sont inscrits au FSPRT, ainsi que « 4 000 personnes non françaises en situation régulière, dont 25 % d’Algériens et 20 % de Marocains, 15 % de Tunisiens et 12 % de Russes ». Dans le même entretien, il demande le retrait du titre de séjour pour ces personnes, déjà obtenu dans 200 cas durant ces six derniers mois, « ce qui est un record », s’est-il encore félicité.