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Source : InfoMigrants - Leslie Carretero - 02/02/2022

Dans les Pyrénées-Orientales, à la frontière entre la France et l'Espagne, les arrivées de migrants sont de plus en plus nombreuses. En 2021, 13 000 personnes ont été interpellées à Cerbère, premier village français après la frontière, au sud de Perpignan selon la préfecture. Un chiffre record. Les autorités multiplient les contrôles policiers mais les exilés, majoritairement algériens, parviennent à tromper leur vigilance. À Perpignan, les associations d'aide aux exilés se disent débordées.

C’est un phénomène observé depuis 2020 mais qui a pris, en 2021, une ampleur inédite. De plus en plus de migrants tentent d’entrer en France depuis l’Espagne en passant par la zone qui borde la Méditerranée, via le village français de Cerbère. La plupart des arrivées étaient, jusqu’ici, recensées sur la côte atlantique, vers Irun et Hendaye, dans le Pays basque.

>> À (re)lire : À la frontière franco-espagnole, l’importante présence policière ne dissuade pas les migrants 

L’an dernier, 13 000 personnes "qui n’avaient pas de document pour circuler en France" ont été interpellées à Cerbère, a indiqué à la presse le préfet des Pyrénées-Orientales, Étienne Stoskopf, lors d’une visite dans la zone frontalière, début janvier. "On n’a jamais fait face à une pression migratoire aussi forte ici. 2021 est une année record", a-t-il ajouté.

Le point de passage entre Portbou, côté espagnol, et Cerbère, côté français, représente désormais 35 % du total annuel des flux migratoires irréguliers dans les Pyrénées-Orientales, contre seulement 19 % en 2019, selon les chiffres de la préfecture. "Cerbère devient un point chaud des passages de clandestins", a insisté Étienne Stoskopf.

"Militarisation de la frontière"

Les migrants montent dans un train depuis l’Espagne ou empruntent de nuit les sentiers de randonnées en contournant le col des Balistres. Pour éviter les contrôles policiers, déployés en nombre dans la région, les exilés prennent plus de risques et passent par le tunnel ferroviaire. "À chaque fois que je travaille au tunnel entre l’Espagne et la France, j’en croise plusieurs", explique à InfoMigrants David Cerdan, délégué syndical CGT-SNCF. Le cheminot assure que, certains jours, il peut voir entre 50 et 60 personnes sur les rails.

Cerbère est devenu un point de passage en arrivant en France depuis l'Espagne. Crédit : Google maps
Cerbère est devenu un point de passage en arrivant en France depuis l'Espagne. Crédit : Google maps

Face à l’augmentation des passages sur la côte Vermeille, l’État prend des mesures : des barbelés ont été installés à la sortie du tunnel ferroviaire, les contrôles policiers ont été encore renforcés dans toute la région, sur la route et dans les trains, mais aussi à la sortie des gares de la région, un avion de la police aux frontières (PAF) survole la zone plusieurs fois par semaine, et une brigade conjointe franco-espagnole devrait bientôt voir le jour.

"On observe une véritable militarisation de la frontière", déplore Josie Boucher, présidente de l’Asti 66 (Association de solidarité avec tous les immigrés), contactée par InfoMigrants. "La police est partout : dans les trains, sur la route, au niveau des gares, cachée dans les bosquets… On assiste à une chasse à l’homme jusqu’à Perpignan", première grande ville française à une quarantaine de kilomètres de la frontière espagnole.

Les passeurs aussi sont dans le viseur des autorités. Pour le seul mois d'octobre, 39 trafiquants ont été arrêtés à Perpignan et 22 en septembre, contre une dizaine par mois habituellement.

À Perpignan, "c’est de pire en pire"

Mais malgré l’importante présence policière, les exilés et les passeurs parviennent à tromper la vigilance des autorités. À Perpignan, les associations se disent débordées par les arrivées de migrants.

"Il y a de plus en plus de gens qui dorment dans les rues, sur des bouts de cartons. Chaque jour, c’est environ une cinquantaine de personnes qui arrivent dans un état déplorable, parfois sans chaussures, dont de nombreux mineurs et quelques familles", constate Flora (elle n'a souhaité que son nom de famille soit publié), présidente de l’association Au cœur de l’humanité, qui effectue des maraudes dans la ville.

"Vendredi dernier, j’ai distribué 70 repas et ce n’était pas suffisant. Avant, j’en préparais 30 et j’en avais trop", continue la militante. "C’est de pire en pire".

Perpignan est pourtant considérée comme une ville de transit par les migrants, qui tentent de rejoindre d’autres villes de France. Mais certains sont si démunis et dépourvus de contact dans le pays qu’ils y restent des années. Des collectifs ouvrent des squats pour leur offrir un toit, le 115 étant totalement saturé.

"Des familles m’appellent d’Algérie"

La majorité des exilés qui passent par la côte Vermeille sont originaires d’Algérie. Selon Flora, une grande partie d’entre eux viennent de la ville de Mostaganem.

Ils montent dans des canots depuis les côtes algériennes, débarquent en Espagne et poursuivent leur chemin vers la France. Cette route migratoire en mer Méditerranée, empruntée depuis des années par des Algériens pour rejoindre l’Hexagone, a connu en 2021 un regain de fréquentation. D’après les autorités espagnoles, près de 10 000 ressortissants algériens sont entrés clandestinement dans le pays entre janvier et novembre, soit 20 % de plus qu’en 2020 à la même période.

"La migration vers l’Espagne est un phénomène ancien mais en 2021, il y a eu beaucoup plus de départs", confirmait en novembre à InfoMigrants Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH). Parmi eux, de nombreux "jeunes hommes de 18 à 35 ans, originaires des villes côtières du pays, comme Oran, Mostaganem, Boumerdès ou Alger", précisait également Francisco José Clemente, fondateur de Heroes del Mar. Ils prennent place, par groupe de 10 à 15 personnes, à bord d’embarcations semi-rigides à moteur, ou des bateaux pneumatiques. Ils fuient la morosité économique du pays et l'instabilité politique.

>> À (re)lire : La parenthèse du hirak "refermée", les Algériens traversent la mer pour atteindre l'Europe au péril de leur vie

Le hirak, ce soulèvement populaire entamée en février 2019 contre le système en place, avait ravivé les espoirs de la jeunesse algérienne, en proie à un manque de travail et de perspectives. Mais, plus de deux ans plus tard, leurs attentes ont été déçues. La population, dont l’âge médian ne dépasse pas 30 ans, doit encore composer avec une classe politique vieillissante, qui campe sur les acquis de la guerre d’indépendance.

"Je reçois régulièrement des appels de familles algériennes dont le fils a disparu depuis sa traversée de la Méditerranée", confie Flora, dont le numéro de téléphone a tourné auprès des ressortissants algériens. À cela s’ajoute des coups de fil de personnes qui veulent des informations sur la situation en France. "J’ai même des appels de grands-parents qui veulent prendre la mer. Je ne sais pas quoi leur répondre. Cela veut bien dire que la situation en Algérie est catastrophique et que leur seul espoir réside ici".

 


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