Source : rfi - Charlotte Cosset - 31/01/2022
Les dernières études montrent que d'ici à 2050, l’Europe comptera 95 millions de travailleurs en moins causant des carences importantes. Dans certains secteurs les besoins se font sentir, comme dans les technologies de l’information et des télécommunications. Pour parer à ce manque de main d’œuvre les initiatives se multiplient pour recruter sur le continent Africain. En Lituanie, un programme a été développé pour recruter au Nigeria, par exemple.
Halima est une spécialiste des data de 31 ans. Nigériane, elle est arrivée en Lituanie à la faveur d’un programme pour une formation de 6 mois. Elle décroche dans la foulée un emploi et un visa de travail de 3 ans. « Mon travail est très apprécié. Je dirais qu’au Nigeria c’est plus difficile qu’ici parce que là-bas il y a beaucoup de talents. Un grand nombre de personnes peuvent faire ce travail spécifique. Ici ce n’est pas si simple. Quand une offre d’emploi est postée, il y a très peu de personnes qui postulent », constate Halima.
Elle a bénéficié du programme « Digital Explorers » développé par Afriko, une organisation à but non lucratif en partenariat avec une agence gouvernementale. « Lorsque nous avons commencé à concevoir ce projet et que nous avons dit que nous voulions faire venir des spécialistes de l’informatique nigérians en Lituanie, il y a eu des réticences. Parce que le Nigéria n’est pas perçu naturellement comme une source de talents. Donc, nous avons dû aller à l’encontre d’un certain nombre de stéréotypes », explique Mante Makauskaite, la directrice de cette organisation.
Un apport de travailleurs extérieurs « nécessaire »
Gabija Sarkyté est à la tête des ressources humaines de l’entreprise de développement de logiciels informatiques Telesoftas… Engagé dans le programme, il lui aura fallu parfois 6 mois pour obtenir les permis de travail de certains Nigérians recrutés. « Ça en valait la peine, mais j’espère que des projets comme celui-ci aura un impact positif sur ces procédures », dit-il. « Programmer est quelque chose qui requiert de l’expérience, et l’offre ne s’est pas développée autant que la demande. Ce que le Nigeria peut nous offrir c’est un énorme vivier de talents où nous pouvons choisir les meilleurs. Cette expérience nous a vraiment aidés à grandir. »
Pour Jason Gagnon chef de l’unité migration et compétence au centre de développement de l’OCDE il n’y a pas de doutes : l’apport de travailleurs extérieurs en Europe est nécessaire. « On prévoit qu’il y aura des pénuries dans le secteur du travail, ça, c’est sûr. Un rapport qui a été produit par la Commission européenne a trouvé 28 principales professions qui seront en pénurie en Europe. Et l’Afrique mise beaucoup sur l’enseignement des nouvelles technologies des secteurs qui sont en demande. Et donc on s’attend à ce qu’il y ait cette offre qui pourrait venir de l’Afrique », dit Jason Gagnon.