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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : le monde - Solenn de Royer - 22/08/2022

Le texte proposé par le ministre de l’intérieur a été repoussé à la fin de l’année et remplacé par une concertation, puis un débat au Parlement. Mais il a déjà annoncé son intention de réformer le droit du sol dans ce département de l’océan Indien.

Il se place à l’avant de la navette de gendarmerie qui file sur les eaux grises, au large de Mayotte. Chemise blanche immaculée, mains posées sur la filière d’acier, regard concentré sur l’horizon. Etudiée, la pose est avantageuse ; il prend son temps. Le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, arrivé, dimanche 21 août, à Mayotte, pour un déplacement de trois jours, vient de se faire briefer par un haut gradé militaire sur les opérations de lutte contre l’immigration clandestine en mer.

La vedette côtière de surveillance maritime permet, selon les autorités, de dissuader les migrants d’embarquer sur les kwassa-kwassa – des embarcations légères à moteur – pour tenter de rejoindre Mayotte depuis l’archipel voisin des Comores, dans l’espoir d’accéder à une vie meilleure, tout en bénéficiant des services publics français, notamment de santé. Chaque année, de nombreuses femmes comoriennes viennent accoucher sur cette petite île perdue dans l’océan Indien entre l’Afrique de l’Est et Madagascar, où plus d’un habitant sur deux est étranger.

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Accompagné de son ministre délégué à l’outre-mer, Jean-François Carenco, Gérald Darmanin – resté Place Beauvau après la réélection d’Emmanuel Macron, avec un périmètre élargi, dont les outre-mer – a entrepris cette longue visite pour illustrer la détermination de l’Etat à lutter contre l’immigration clandestine.

Peuplée de près de 400 000 personnes, l’île a vu sa population quadrupler entre 1985 et 2017 selon l’Insee, sous l’effet conjugué d’une forte natalité et de l’immigration. « Si on ne fait rien, il y aura 700 000 habitants à Mayotte en 2050 », indique le ministre au Monde en rappelant qu’à la présidentielle, la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, était arrivée en tête ici, au premier tour. Selon lui, 40 % des actes médicaux prodigués concernent des sans-papiers, tout comme la centaine de salles de classe construite chaque année.

Réformer le droit du sol à Mayotte

Le 101département français cumule les difficultés, économiques et sociales – grande pauvreté, chômage des jeunes, problèmes de formation – ou sécuritaires, avec une délinquance bien plus élevée que dans l’Hexagone. Deux jours avant l’arrivée du ministre de l’intérieur, de violents heurts ont opposé des jeunes aux forces de l’ordre, ce qui arrive régulièrement. Tout comme les caillassages des bus scolaires ou les agressions en pleine rue. Les gendarmes doivent désormais encadrer certaines randonnées.

Gérald Darmanin, qui s’est multiplié sur les fronts estivaux (incendies, orages, rodéos urbains), poursuit son offensive sur l’immigration, amorcée à la mi-juillet avec l’annonce d’un projet de loi visant à lever « toutes les réserves » législatives empêchant l’expulsion des étrangers délinquants. Le texte, initialement annoncé pour la rentrée, a été repoussé à la fin de l’année et remplacé par une concertation, puis par un débat au Parlement, en octobre, comme l’a souhaité la première ministre, Elisabeth Borne.

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Dans un long entretien au Journal du dimanche (JDD) du 21 août, accordé avant de s’envoler pour Dzaoudzi, le ministre de l’intérieur a annoncé son intention de réformer le droit du sol à Mayotte, approfondissant la réforme de 2018. Cette dernière – qui fait de l’île une exception – stipule qu’un enfant qui y est né de parents étrangers ne peut acquérir la nationalité française que si l’un de ses géniteurs réside sur le territoire de manière régulière et ininterrompue depuis plus de trois mois avant sa naissance. Ce délai doit passer à un an, a souhaité M. Darmanin. Si le Conseil constitutionnel était amené à censurer cette disposition, il a assuré qu’Emmanuel Macron était prêt à l’introduire dans la réforme de la Constitution qu’il prépare.

Le ministre a également indiqué sa volonté de lutter contre la reconnaissance frauduleuse de paternité. « La hausse continue des moyens techniques et humains ne suffira pas, a-t-il argué lors d’un point presse, juste avant d’embarquer sur la navette de la gendarmerie, il faut lutter contre l’attractivité sociale et administrative du territoire. »

Rétablir la double peine pour les étrangers délinquants

Dans le sillage de la droite et de l’extrême droite, M. Darmanin, qui se revendique d’une droite « populaire », assure, toujours dans Le JDD, qu’« une part importante de la délinquance » vient de personnes immigrées et que ce serait « idiot » de « ne pas le dire » : « 48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris et 55 % à Marseille sont des étrangers », a-t-il observé dans Le JDD. « En France les étrangers représentent 7,4 % de la population et 19 % des actes de délinquance », a-t-il insisté, réaffirmant son souhait de rétablir la double peine pour les étrangers délinquants et annonçant la création de 200 brigades de gendarmerie dans les six prochaines années. Le ministre veut aussi lancer « 3 000 postes de gendarmes verts » afin d’« améliorer le travail d’enquête judiciaire », notamment dans les affaires d’incendies volontaires causés par des pyromanes.

A Mayotte, les élus, reçus à la préfecture, ont fait part de leurs doléances. « Ça monte, ça monte », a lancé le président de l’Association des maires de l’île, Madi Madi Souf, évoquant la violence et l’insécurité. Il a dit espérer que les annonces du tandem Darmanin-Carenco seraient suivies d’effets. De son côté, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a regretté que les mineurs interpellés soient relâchés « le lendemain », ce qui « exaspère les populations ».

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Gérald Darmanin a défendu son bilan, rappelant qu’il avait déjà augmenté de 50 % le nombre de policiers et de gendarmes sur l’île et il a annoncé un quatrième escadron de gendarmerie mobile. Il a fait remarquer que Mayotte était le territoire où l’Etat faisait le « plus d’effort », proportionnellement à la population. « On est musulmans mais on est comme saint Thomas, a confié en souriant la députée Estelle Youssouffa. On attend de voir pour croire. » Le ministre de l’intérieur a indiqué qu’il reviendrait à Mayotte en novembre.

 


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