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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : le monde - Gilles Rof - 25/10/2022

Le navire, amarré à quai pendant soixante-treize jours dans le port de Marseille, avait hébergé jusqu’à 930 personnes fuyant la guerre. Les associations saluent le dispositif et appellent à s’en inspirer pour l’accueil d’autres réfugiés.

Saluée pour la qualité de sa prise en charge, l’opération d’accueil des réfugiés ukrainiens sur le ferry Méditerranée a coûté près de 6 millions d’euros à l’Etat pour soixante-treize jours d’activité. La préfecture des Bouches-du-Rhône, interrogée par Le Monde, a communiqué, cinq mois après la clôture de l’opération, le bilan chiffré de cet hébergement exceptionnel. Un coût très largement supérieur aux montants que l’Etat consacre habituellement, par jour et par personne, à l’accueil de réfugiés ou de demandeurs d’asile dans des structures officielles. Ce que soulignent les associations œuvrant dans le secteur de la solidarité.

Du 29 mars au 10 juin, jusqu’à 930 Ukrainiens, femmes et enfants en grande majorité, ont vécu à bord du navire de la Corsica Linea, amarré dans le port de Marseille. Un dispositif sécurisé qui a permis leur logement dans les cabines, mais aussi la mise à disposition d’un service de repas quotidiens gratuits dans le restaurant de bord, d’une garderie pour enfants, de cours de français, d’un soutien psychologique et médical et d’un accompagnement administratif. Une offre globale qui a répondu dans l’urgence à l’afflux de plus de trois mille réfugiés dans les Bouches-du-Rhône, saturant complètement les capacités d’hébergement du département.

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« Nous étions confrontés à une arrivée massive de personnes, notamment via la frontière italienne, sans qu’on en maîtrise le nombre final, ni que l’on sache comment les accueillir alors qu’aucune capacité n’était plus mobilisable dans la région. Il a fallu trouver une solution immédiate », rappelle le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), Christophe Mirmand, pilote de l’opération. Une solution qui a pris la forme d’un contrat de location avec la compagnie Corsica Linea, dont on connaît désormais les modalités.

Une part fixe de 4 millions d’euros a été payée pour la mise à disposition de ce bateau de 1 600 places et de son équipage et la consommation d’eau et d’électricité. A cela s’ajoute une part variable de près de 850 000 euros pour, notamment, les prestations de restauration et de blanchisserie. S’ajoutent également les conventions passées avec d’autres acteurs associatifs intervenant à bord, notamment la Croix-Rouge (415 000 euros) et le groupe SOS Solidarités (320 000 euros). Au total, une facture de près de 6 millions d’euros, principalement réglée par le ministère de l’intérieur. Son coût élevé explique, en partie, que l’opération n’ait pas été prolongée au-delà du 10 juin.

« Une volonté politique »

En mars, la réactivité des services de l’Etat, la mobilisation des institutions et des grandes entreprises du territoire, l’efficacité des procédures d’accès à l’emploi proposées à bord ont été observées avec surprise par les responsables d’associations qui, quotidiennement sur le terrain marseillais, tentent de faire entendre, avec moins de succès, les droits de réfugiés venus notamment d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Cinq mois plus tard, le montant de la facture payée par l’Etat relance cette réflexion.

« En matière d’hébergement et de prise en charge des demandeurs d’asile, les dotations habituelles sont très éloignées de ce qui a été payé pour le ferry. Ça a coûté une blinde, mais cela répondait à une volonté politique », commente Gérard Sadik, responsable national de la thématique asile à La Cimade, association qui œuvre pour les droits des personnes réfugiées et migrantes. En 2023, un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) recevra de l’Etat 21 euros par jour et par personne, somme qui vient d’être revalorisée. A elle seule, l’opération Méditerranée représente près d’un quart de la « dotation régionale limitative relative aux frais de fonctionnement » versée annuellement aux CADA de Provence-Alpes-Côte d’Azur, soit 24 millions d’euros en 2022.

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« L’idée, aujourd’hui, n’est pas de monter les réfugiés les uns contre les autres, mais plutôt de dire : tous Ukrainiens !, pose Pascaline Curtet, déléguée nationale de la Cimade pour le Sud-Est. Avec le ferry, l’Etat a mobilisé des lignes budgétaires et démontré qu’il était possible de mettre en place un accueil avec une qualité d’hospitalité digne et un suivi. » « Qu’on ne vienne plus nous dire “ce n’est pas possible” quand on demande quelque chose ! », prévient Christine Ponsin, vice-présidente régionale de la Fédération des acteurs de la solidarité, qui compte une centaine d’adhérents en PACA et en Corse. Mme Ponsin, coordinatrice du CADA Jane-Pannier, à Marseille, se souvient d’avoir proposé pendant le confinement l’idée d’un ferry pour abriter les personnes à la rue ou vivant dans des squats. « Sans retour des autorités », regrette-t-elle.

« Mieux traiter les autres »

Le préfet Christophe Mirmand, lui, dit « entendre les critiques », mais ne voit aucune comparaison possible entre la situation d’urgence vécue au déclenchement de la guerre en Ukraine et un « accueil des demandeurs d’asile qui répond à une planification et s’inscrit dans des conventions pluriannuelles qui permettent d’en maîtriser les coûts ».

Dans un courrier récemment adressé à des parlementaires et cosigné par une quinzaine de structures de solidarité actives à Marseille, l’Association des usagers de la plate-forme d’accueil des demandeurs d’asile propose que l’on se serve « de l’expérience de ce qui a été fait pour les réfugiés ukrainiens pour mieux traiter les autres ». Ce collectif, qui représente plusieurs centaines de personnes dans les Bouches-du-Rhône, demande notamment que le droit au travail accordé aux Ukrainiens soit étendu à tous les demandeurs d’asile.

 


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