Sept migrants turcs en situation irrégulière ont été secourus, jeudi 9 février, sur une aire de l’autoroute l'A28 près de Neufchâtel-en-Bray, en Seine-Maritime. Ils étaient coincés dans la remorque d’un camion frigorifique. "Les pompiers ont dû intervenir pour ouvrir la porte de la remorque", raconte l’association Utopia 56, en contact avec les migrants durant cette intervention.

Vers 4h du matin hier, prenant conscience qu’ils étaient pris au piège dans ce camion frigorifique, les sept exilés ont alerté l’association Utopia 56, dont un numéro d’urgence circule entre migrants, notamment chez ceux passés par Calais. "Ils ont appelé quand le froid a commencé à les saisir et qu’ils n’arrivaient pas à ouvrir la porte de la remorque. Ils n’avaient aucun repère, n’avaient relevé ni la plaque du camion, ni de description du véhicule", raconte Adèle Stouffs, coordinatrice à Utopia 56 Calais, qui a pu s’entretenir avec les bénévoles au bout du fil cette nuit-là.

"Au bout de plusieurs heures, au téléphone, ils avaient du mal à parler et à respirer. Ils avaient très froid", poursuit Adèle Stouffs. La situation s’est dénouée à 7h, lorsque les gendarmes et les pompiers sont intervenus sur l'aire d'autoroute.

Entre temps, déplore Utopia 56, les secours ont mis du temps à se coordonner entre départements. L’alerte ayant été donnée par des bénévoles se situant dans le Pas-de-Calais, alors que les personnes en danger se trouvaient en Seine-Maritime. "Plus le temps passait, plus leur état devenait alarmant", regrette Adèle Stouffs. "Heureusement, ils ont été secourus à temps."

Finalement, l’état d’aucune des victimes n’a nécessité de soins de santé. Le chauffeur, quant à lui, est resté introuvable lors de l’opération de secours, sans que l’on sache s’il était au courant de la présence de migrants dans sa remorque. Le point de départ et les circonstances dans lesquelles ces sept personnes sont montées dans le véhicule sont également inconnues.

"Beaucoup montent sans savoir dans quel type de véhicules ils prennent place"

Les tentatives de traversées des frontières européennes en camion ne sont pas rares. Mais elles ont fortement diminué en direction de l’Angleterre depuis que la sécurité aux abords de l’Eurotunnel a été renforcée.

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"Ce sont souvent les migrants qui ont le moins d’argent qui tentent de prendre des camions par leur propre moyen, un peu par hasard, là où d’autres vont payer une traversée en mer, avec des passeurs. Ils sont dans des situations de détresse extrême", explique Adèle Stouffs. "Ici à Calais beaucoup montent sans savoir dans quel type de véhicules ils prennent place, ni où ils vont."

Il arrive qu’Utopia 56 conduise à l’hôpital des migrants gravement blessés aux jambes ou au dos, après des chutes lors des tentatives de traversée en camions. Sur les campements de Calais, l’association au contact des exilés, fait de la prévention pour réduire les risques et éviter le pire.

Bloqués entre la cabine et la remorque

"Dans tous les cas, monter dans un camion est risqué, mais surtout dans les remorques frigorifiques, où les personnes risquent l’hypothermie et l’asphyxie. Il faut donc savoir reconnaître ce type de véhicule, parfois signalé par un logo représentant un flocon", alerte Adèle Stouffs.

Certaines parties du camion sont elles aussi très dangereuses, comme l’espace entre la remorque et la cabine. "Des migrants se sont déjà retrouvés bloqués, car lorsque le camion tourne, les deux parties se rapprochent et c’est très dangereux."

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En cas de danger, rappelle Utopia 56, savoir se localiser peut sauver des vies. Aussi, sur les campements de Calais, les bénévoles montrent aux migrants comment envoyer leur localisation depuis leur téléphone, même sans réseau. De même ne pas vérifier la plaque d’immatriculation, ne pas avoir décrit le camion et ne pas avoir donné ses informations à un proche, peut diminuer les chances de survie en cas de danger.